Avertissement : Je ne parle ici que de la tradition nataliste de l’Eglise catholique, pas de celui des autres religions chrétiennes, car c’est celle que je connais le mieux, étant moi-même catholique, et issue d’une famille catholique.
Je ne connais pas suffisamment la position des autres églises chrétiennes sur le sujet de la natalité pour en parler.
La tradition catholique valorise la famille nombreuse comme un idéal.
Le Pape, et avec lui, le clergé, s’oppose avec force à l’avortement (ce qui est cohérent avec le respect de la Vie ordonné par Dieu), mais il s’oppose aussi à tous les moyens de contraception modernes, sauf l’abstinence pendant les périodes fécondes du cycle féminin, méthode peu fiable et difficilement applicable quand les conditions matérielles sont précaires.
Même cette méthode peu fiable est seulement tolérée, et n’est évoquée qu’avec des encouragements aux familles nombreuses.
Les informations sur la contraception et l’éducation sexuelle diffusées dans les collèges et lycées publics sont abondamment critiquées par l’Eglise.
Cependant, les membres du clergé sont eux-mêmes célibataires, et n’ont pas d’enfants. (officiellement, au moins)
Les saints sont presque tous, à quelques exceptions près, des célibataires consacrés et sans enfants.
La sainte la plus vénérée, Marie, est supposée, selon la tradition, n’avoir eu qu’un seul enfant : Jésus. En fait l’Evangile ne dit pas que Marie n’a eu qu’un fils, ni qu’elle en a eu plusieurs. Le nombre des enfants qu’aurait eu Marie n’a en fait aucune importance pour les évangélistes. Seul compte le fait qu’elle a accueilli et élevé le « Messie » avec tout l’amour possible, pour qu’il puisse réaliser sa mission.
L’Evangéliste Luc nous raconte des épisodes de l’enfance de Jésus sans jamais mentionner la présence de frères ou sœurs de celui-ci.
Un seul passage de l’Evangile fait mention des frères de Jésus, pendant sa vie adulte et publique :
Luc, ch .8 v.19 :
« Sa mère et ses frères vinrent alors le trouver, mais ils ne purent l’aborder à cause de la foule. »
Ce passage de l’Evangile n’a jamais empêché l’Eglise de nous présenter Jésus comme le fils unique de Marie, en argumentant qu’on pouvait entendre le mot « frère » comme les proches familiaux au sens large : cousins .
La tradition présente toujours la Sainte Famille comme composée seulement de Joseph, Marie et Jésus.
Les saintes femmes qui suivent Jésus, et dont parle l’Evangile, ne semblent pas voir d’enfants : on n’en parle jamais. Quant aux sœurs amies de Jésus, Marthe et Marie, rien ne nous dit qu’elles ont eu ou non, des enfants .
A part l’épisode du massacre des enfants de moins de deux ans par le roi Hérode, les seuls enfants (autres que Jésus lui-même) mis en scène dans l’Evangile sont des enfants que leurs parents tentent d’approcher de Jésus pour qu’il les bénisse.
« On lui présentait aussi les tout-petits enfants pour qu’il les touchât. Ce que voyant, les disciples les rabrouaient. Mais Jésus appela à lui ces enfants, en disant : « laissez les petits enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car c’est à leurs pareils qu’appartient le royaume de Dieu »
Je ne vois dans ce passage aucune incitation à FAIRE des enfants, mais plutôt à accueillir avec respect ceux qui existent, comme des personnes à part entière.
Quand Jésus parle du mariage, il en proclame l’indissolubilité « ce que Dieu a uni, l’homme ne doit point le séparer » (Mat.19.6) : le devoir de fidélité conjugal est présenté comme fondamental, mais rien n’est dit sur l’éventuel devoir d’avoir des enfants, et encore moins, d’avoir de nombreux enfants.
Ceci contraste avec la Bible de l’Ancien Testament, ou à diverses reprises, la venue de nombreux enfants est proclamée comme une bénédiction de Dieu, et surtout le si souvent cité verset 28 de la Genèse, chapitre 1, où juste après avoir créé l’homme (homme et femme il les créa), Dieu lui dit :
« Soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-la »
Au contraire de l’Ancien Testament, on cherchera en vain dans l’Evangile une quelconque exhortation à avoir des enfants ou à avoir de nombreux enfants.
La procréation n’est présentée ni comme un devoir, ni comme une condition du bonheur, je dirais presque : au contraire.
Jésus lui-même ne s’est pas marié et n’a pas eu d’enfants.
Il évoque la continence volontaire comme moyen de s’approcher de Dieu :
Matthieu 19:12
« Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère; il y en a qui le sont devenus par les hommes; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne. »
Lorsque Jésus évoque la ruine de Jérusalem, sans qu’il soit nettement précisé s’il s’agit des malheurs devant arriver au peuple juif, ou de la fin de l’humanité, ou carrément de la fin du monde, il dit « Malheur à celles qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là !» Mathieu, ch. 24, v. 19
J’y vois comme un avertissement : lorsque des catastrophes se préparent et que vous en voyez les signes, évitez de faire des enfants et de les plonger dans ce malheur, soyez responsables ! (« Et il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur la terre, les nations seront dans l’angoisse, inquiètes du fracas de la mer et des flots, des hommes défailliront de frayeur, dans l’attente de ce qui menace le monde habité, car les puissances des cieux seront ébranlées » Luc, ch. 21 v. 25-26 . (Mon avis personnel : nous y sommes presque !)
Ceci est une interprétation très personnelle du Nouveau Testament, que vous n’avez certainement jamais entendu du clergé catholique, mais je ne puis m’empêcher de voir dans ce passage une convergence de vue avec l’association Démographie Responsable.
Les premiers chrétiens qui pensaient que la fin du monde était toute proche à cause de la parole de Jésus, « En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout ne soit arrivé », (Luc, ch.21, v ; 32) n’encourageaient absolument pas le mariage ni la natalité, au contraire ;
Peut-être avaient-il une interprétation proche de la mienne ?
En effet, on trouve dans la première Epître de Paul aux Corinthiens, ch. 7 , v. 25 à 28 :
« Pour ce qui est des vierges, je n`ai point d`ordre du Seigneur; mais je donne un avis, comme ayant reçu du Seigneur miséricorde pour être fidèle.
Voici donc ce que j`estime bon, à cause des temps difficiles qui s`approchent: il est bon à un homme d`être ainsi.
Es-tu lié à une femme, ne cherche pas à rompre ce lien; n`es-tu pas lié à une femme, ne cherche pas une femme.
Si tu t`es marié, tu n`as point péché; et si la vierge s`est mariée, elle n`a point péché; mais ces personnes auront des tribulations dans la chair, et je voudrais vous les épargner. »
Un peu plus haut dans cette épître, Paul ose même dire « je voudrais que tous les hommes fussent comme moi », c’est à dire célibataires !
Si son vœux avait été réalisé, on ne parlerait pas de surpopulation !
La position du Pape sur la contraception et sur le préservatif ne se justifie, selon moi, par aucun des textes du Nouveau Testament.
On pourrait comprendre que le Pape dise : « le préservatif permet d’éviter le Sida et les grossesses non désirées, mais il ne doit pas vous encourager à l’infidélité, ni à avoir des relations sexuelles hors mariage. Une bonne maîtrise de vos pulsions sexuelles, par respect pour les personnes que vous rencontrez, par respect pour votre corps, et par respect pour votre famille, peut seule vous conduire à une élévation spirituelle. »
Il serait alors en parfaite cohérence avec le message évangélique.
Malheureusement, ce n’est pas ce qu’il dit, et j’avoue que je ne comprends pas .